Face à la montée des dénonciations de violences policières à travers le pays, le président de la République du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye, est finalement sorti de son silence. Lors d’une adresse solennelle prononcée ce mercredi soir depuis le palais présidentiel, le chef de l’État a exprimé sa « profonde préoccupation » face aux récents cas de bavures policières signalés à Dakar, Cambérène et Rosso.
« La République ne peut tolérer l’injustice et l’abus de pouvoir, d’où qu’ils viennent. Les forces de l’ordre sont là pour protéger le peuple, non pour l’intimider », a déclaré Diomaye Faye dans un ton grave et ferme.
Cette déclaration intervient après plusieurs semaines de tension entre citoyens et forces de sécurité, exacerbées par des vidéos virales montrant des interventions brutales, parfois mortelles, lors de manifestations ou de simples contrôles.
Une commission d’enquête annoncée
Le président a annoncé dans la foulée la mise en place d’une commission d’enquête indépendante, composée de magistrats, d’experts en droits humains, et de membres de la société civile. Elle sera chargée de faire toute la lumière sur les incidents recensés au cours des six derniers mois.
« Il est temps de restaurer la confiance entre la population et ceux qui ont la mission de garantir leur sécurité », a martelé le président.
Vers une réforme des forces de sécurité ?
Dans son discours, Diomaye Faye a également laissé entendre qu’une réforme structurelle des forces de l’ordre était à l’étude, incluant un volet formation, contrôle interne et redevabilité.
Les organisations de défense des droits de l’homme ont salué cette prise de position présidentielle, qu’elles attendent depuis longtemps. Amnesty International Sénégal a, dans un communiqué, exhorté le gouvernement à aller plus loin, en traduisant les auteurs de violences devant la justice.
Un virage politique attendu
Élu en mars 2024 avec un discours centré sur la justice et la transparence, Bassirou Diomaye Faye était jusque-là resté discret sur les agissements de certaines unités policières, malgré de nombreuses interpellations citoyennes. Son intervention marque donc un tournant majeur dans la gestion des violences institutionnelles au Sénégal.
Alors que les regards sont désormais tournés vers les actes concrets qui suivront ce discours, la pression monte pour que justice soit rendue dans les affaires déjà signalées.