94 ans, ancien combattant et blessé de guerre: Sadio Coulibaly raconte…

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Le président de l’Union régionale des anciens combattants et victimes de guerre de Saint-Louis, Sadio Coulibaly, personnifie à 94 ans la trajectoire de ces soldats de l’armée coloniale, dont le grand apport dans la construction des jeunes Etats africains se mesure à leur engagement à libérer la France sous occupation allemande.

“J’ai pris ma retraite militaire après avoir bien servi loyalement l’armée sénégalaise et française, pour défendre mon pays et l’Afrique”, précise ce blessé de guerre, revenu au Sénégal à l’accession du pays à la souveraineté internationale, un évènement historique dont on commémore jeudi le 59e anniversaire.

De fait, Sadio Coulibaly a participé à la Seconde Guerre mondiale 1939-1945, mais aussi aux guerres d’Indochine, d’Algérie, toutes coloniales, de la Normandie jusqu’à Berlin, en passant par Marseille, Toulon, Bordeaux et d’autres théâtres de guerre. Une trajectoire qui mérite respect.

“Nous avons participé à la libération de la France”, à la faveur de la Seconde Guerre mondiale, lors de laquelle “les Africains ont beaucoup donné, certains même leur vie, d’autres ont terminé infirmes et invalides, suite à des blessures de guerre, pour défendre les Français”, souligne le président des anciens combattants dans un entretien avec l’APS.

Aussi note-t-il que le souhait des anciens combattants est de voir l’actuel président de la République, Macky Sall, “qui porte une grande attention particulière aux anciens combattants et victimes de guerre, dédier une place publique aux anciens combattants, afin de les immortaliser à jamais pour tous les sacrifices consentis pour la nation sénégalaise”.

Le vieux Coulibaly dit sa grande fierté d’avoir participé à la construction du Sénégal, au nom de ses camarades anciens combattants, qui dit-il “méritent attention et respect de la part de toute la nation”.

Au moment où le Sénégal s’apprête à fêter l’anniversaire de son accession à la souveraineté internationale, “il est important de montrer à la jeune génération les valeurs que les anciens ont eu à incarner pour la libération de l’Afrique des colonisateurs, en le payant au prix de leur vie”.

A l’occasion de la dernière visite du président Emmanuel Macron, en février 2018, raconte-t-il, “nous avons été reçus par ce dernier, qui s’était enquis de nos doléances, et nous lui avions dit” la nécessité de “revoir l’injustice que nos petits-enfants et enfants subissent pour avoir le visa pour la France, alors que nous avions combattu pour libérer la France”.

“Lorsqu’on nous embarquait pour rallier la France en 1939, personne ne nous avait réclamé le visa d’entrer”, souligne le patriarche, avant d’ajouter : “C’est une injustice que la France doit régler d’abord”, au regard “des milliers de jeunes Africains” bravant mer et océans pour rallier l’Europe “au prix de leur vie”, ce qui relève selon lui d’une “catastrophe”.

“Nous avions également demandé à Emmanuel Macron, qui était attentif à nos doléances, de revoir le versement de nos pensions militaires, car là où l’ancien combattant français reçoit une revalorisation de 80 pour cent, nous les anciens combattants sénégalais nous recevons seulement une revalorisation de 20 pour cent”, note-t-il.

D’après Sadio Coulibaly, les anciens combattants de 1939-1945 “attendent beaucoup de la France, parce que les derniers survivants de cette guerre se comptent” désormais sur le bout des doigts.

Il dit se consoler juste de constater qu’au Sénégal, “les anciens combattants et victimes de guerre sont bien traités par nos autorités”.

APS

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